Oct 1999 - L'Ensemble de musique sacrée de Québec : Choeur à choeur

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Pour la troisième édition du Festival de musique sacrée de Saint-Roch, l’Ensemble de musique sacrée de Québec a décidé de faire les choses en grand en présentant le Spem in alium de Thomas Tallis, un motet à 40 voix.





«C’est une première à Québec, si ce n’est au Québec», affirme Claude Lemieux, directeur de la formation, qui a dû faire venir la partition directement d’Angleterre, pays d’origine du compositeur. Écrit en l’honneur du 40e anniversaire de la reine Elizabeth première, ce motet aurait été, selon certaines sources, l’enjeu d’un défi lancé à Tallis par un noble anglais qui le croyait incapable de produire une oeuvre aussi complexe. Si tel est le cas, le défi a été relevé avec une habilité remarquable puisque le motet est considéré comme un des chefs-d’oeuvre de la Renaissance. Lemieux dit au sujet de la construction de l’oeuvre: «Le motet est écrit un peu comme certaines oeuvres de Gabrielli. Ça se construit peu à peu et à la mesure 40, on tombe à 40 voix pour la première fois. Ensuite, tout semble se défaire mais, finalement, les 40 voix reviennent à la toute fin.» Le succès immédiat de l’oeuvre a par ailleurs grandement contribué à la réputation de Tallis. Lemieux dit encore: «Tallis, c’est le maître du style polyphonique anglais. Avec William Byrd, il était le seul compositeur à posséder le privilège exclusif d’édition donné par la reine et il a fait beaucoup d’argent grâce à ça.»

Le motet, qui contient huit choeurs à cinq voix, demande donc un effectif assez impressionnant. C’est pour cette raison que l’Ensemble de musique sacrée de Québec a fait appel à La Petite Bande de Montréal. Pour les choristes, comme pour les directeurs des deux ensembles, les difficultés sont multiples. Lemieux dit à ce sujet: «C’est assez hallucinant merci parce que l’oeuvre a une harmonie serrée et pleine, ce qui fait qu’il n’y a aucun repère mélodique, aucune répétition à l’intérieur des voix. C’est difficile parce que ça n’a pas d’air. Aussi, il y a une grande tessiture, c’est-à-dire qu’on joue avec les extrêmes dans l’aiguë et dans le grave, et, finalement, on retrouve beaucoup de dissonnances.» Afin d’obtenir une interprétation plus poussée, les choeurs auront chacun leur directeur respectif: «Comme il y a une entrée à toutes les cinq ou dix secondes, le directeur se contente de donner la pulsation. C’est pourquoi on va être deux à diriger. L’ensemble de Montréal fait les choeurs un, deux, trois et quatre et nous, les choeurs cinq, six, sept et huit. Ça permet d’être plus efficace, d’aller un peu plus loin.»

En plus du Spem in alium, qui sera utilisé comme pièce de résistance à la fin du concert, le choeur interprétera une autre oeuvre de Tallis, le Gaude gloriosa, ainsi que deux Miserere composés respectivement par Gregorio Allegri et Josquin des Prés. L’ensemble de Montréal présentera quant à lui des oeuvres de Bach et Scarlatti. C’est donc un événement à ne pas manquer, une première qui risque de ne pas se répéter de sitôt.


Le 16 octobre

À l’église Saint-Roch
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